Tuesday, July 04, 2006

Les cochons de Iao Fuhuang

Le Web de l’Humanité: Les cochons de Iao Fuhuang - Article paru le 26 juin 2006: "Enquête
Les cochons de Iao Fuhuang

La success story d’un éleveur du Sichuan et les questions sur d’éventuelles importations en Europe.

Envoyé spécial.

Avant 1993, Iao Fuhuang - gagnait sa vie en réparant des montres et en vendant des herbes médicinales. Cette année-là, il se lance dans l’élevage et l’abattage des porcs. Aujourd’hui, ce Chinois de Pujiang, dans le Sichuan, est à la tête d’un élevage de 200 truies gestantes dont les aliments composés sont partiellement importés. Son établissement abat et conditionne 300 000 porcs par an. Ses fournisseurs sont des éleveurs spécialisés dont le plus petit livre annuellement 200 cochons. Les animaux sont vendus au poids vif, à un tarif moyen de 5,80 yuans le kilo, soit environ 60 centimes d’euro. L’abattoir emploie 500 personnes qui ne travaillent que de nuit. Ce sont souvent des éleveurs en contrat avec l’abattoir, des doubles actifs au salaire mensuel de 150 euros.

Le travail de nuit a été motivé par les bas prix de l’énergie électrique par rapport au tarif de jour. Selon les rares propos de Iao Fuhuang, le gouvernement aide les entrepreneurs comme lui à se lancer avec des politiques de prêts bonifiés, voire de prêts non remboursables. L’abattoir vend un peu de viande fraîche aux détaillants locaux et beaucoup de pièces congelées dans les grandes villes de la province du Sichuan. Du coup, le poste énergie se révèle ici le plus coûteux en raison des quantités de viandes en stock maintenues à moins 35 degrés.

Au fil de la conversation avec les journalistes français, Iao Fuhuang a indiqué qu’il exportait déjà de la viande de porc en Russie, au Japon et en Corée, son ambition étant de se positionner sur le marché de l’Union européenne pour certains morceaux nobles. C’est sans doute de bonne guerre dans le cadre de la mondialisation libérale. Les porcs chinois sont plus gras que les nôtres pour des raisons génétiques et leur régime alimentaire déséquilibré avec trop de féculents et pas assez de protéines végétales, largement utilisées dans l’alimentation humaine en Chine. Des rôtis et des côtelettes de moindre qualité produits en Chine peuvent donc coûter moins cher à nos spécialistes de la restauration collective en - recherche d’économies sur la matière première.

Mais importer du cochon chinois en France et en Europe soulève une question relative aux émissions de CO2. Avant d’engraisser les - cochons abattus chez Iao Fuhuang, il faut transporter sur de longues distances des milliers de tonnes d’aliments sur des camions pollueurs. Une fois les porcs abattus, l’électricité produite à partir du charbon alimente la chaîne du froid en magasin. Puis la viande circule dans les - camions frigorifiques jusqu’au port le plus proche, puis sur le bateau congélateur avant que des camions frigorifiques émetteurs de CO2 prennent la relève entre un port européen et la destination finale de chaque livraison. À supposer qu’à l’arrivée le prix de revient de cette viande soit encore moins élevé que celle d’un élevage français, peut-on fermer les yeux sur les conséquences écologiques d’un si long voyage dont la seule justification serait l’économie de quelques centimes d’euros par kilo de rôti ? L’OMC ferme les yeux sur cet aspect. Ce qui prouve que l’OMC n’est pas un outil pertinent pour la régulation du commerce agricole et alimentaire. G. L. P."



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